[SAISON II, Ruines de Druidae] La mélodie de l'âme - Once More

"Mélinie, tu es sûre qu'on doit y aller ?"

Je fermais mon sac et restais, immobile, à côté du lit. Depuis ce matin, Météore n'avait pas arrêté de me poser cette question. Au début, je lui avait répondu fermement, voire avec agacement, que oui, nous devions. Mais depuis que le soleil avait entammé sa descente vers la terre, je n'étais plus aussi confiante. Plus le temps passait et les ombres apparaissaient, plus je réalisais le danger auquel nous allions nous exposer. Ce n'étais pas juste une histoire de peur du noir ou du loup qui rôde la nuit. Cette chose, qui habitait la forêt et qui...qui faisait Dieu sait quoi à ceux qui s'y aventuraient...c'était quelque chose de vraiment destructeur et d'incontrolable. Comme le feu qui avait ravagé la maison il y a quelques années...
Je fermais les yeux.

"Oui, Météore." répondis-je mentalement. Je pouvais sentir que le chiot n'était convaincu ni par mon ton, ni par mes paroles. Mais je ne pouvais pas faire mieux que cela. Alors je pris la lanterne qui éclairait la hutte et après avoir jeté un dernier coup d'oeil derrière moi, je sortis, laissant la pièce vide. J'étais convaincue que nous ne reviendrions pas. Voilà pourquoi j'avais pris un peu de nourriture dans mon sac. Météore me suivait en trottinant, mais son inquiétude se sentait dans sa démarche. La mienne devait se voir à mon visage, mais Kahina, lorsque je la vis, ne m'en parla pas.

Nous sortîmmes du village alors que les habitants commençaient à allumer des feux pour préparer le repas. A peine étions nous dans la forêt que Météore se mit à glapir et à refuser d'avancer. J'essayais de le convaincre mentalement que tout allait bien, mais moi aussi je la sentais. L'aura de mort qui enveloppait ce bois, et ce vent...cette brise, dont chaque passage hérissait les poils et détruisait la moindre parcelle de courage qui nous restait encore. Mais il fallait avancer, malgré tout. Pour Kahina. Pour les villageois.
Je finis par prendre Météore dans mes bras, vu que c'était le seul moyen de le faire venir. Nous continuâmmes notre marche dans les ténèbres, guidés uniquement par la lumière de la lampe que Kahina tenait. Les arbres se suivaient et se ressemblaient : des tours bardées d'archers, des archers venus droit du purgatoire pour nous convaincre de nous repentir, dans ces tours dont chaque creux était un monstre, une araignée géante glissant vers nous. Kahina ne les voyait pas, ou bien avait le courage nécessaire pour ne pas le leur faire remarquer. Pour ma part, j'étais terrifiée. Et Météore continuait de gémir et de hurler dans mes bras, tremblant. Mais nous ne nous arretâmmes pas. Nous continuâmmes à marcher, dans des ténèbres insondables et omniprésente. La lune s'était alliée à la nuit, et avait promis de ne pas venir cette nuit. Une promesse qu'elle tint avec plaisir, tandis que notre seule source de réconfort, la flamme de la lanterne, vacillait dangeureusement. Elle aussi, l'ombre la combattait, et malheureusement, elle gagnait; avec la flamme elle emportait le peu de sang froid qu'il me restait. Dans quelques instants, encouragée par les tremblements de Météore, j'allais probablement commencer à paniquer, emportée par l'horreur de la nuit. Mais on lui vola sa proie.
Derrière moi. Un bruit, un bruissement de feuilles.

Il n'y avait pas de feuilles.

Météore se mit à hurler. Pour ma part, j'étais à bout de nerf. Je sentais les larmes monter à mes yeux. J'attrapais Kahina par le bras et me collais contre elle, effrayée. Je criais.

"J'ai peur !!!!..."

Mélinie agripa le bras de Kahina et se colla contre elle. Elle avait peur, et cette réaction était tout à fait normal pour une fille de son âge.
"Ne t'en fais pas petite, je suis là tout va bien"
Kahina tressaillit, elle voulait croire que tout allait bien se passer, mais elle la forêt lui des faisaient des frayeurs. Mais elle ne devait rien laisser paraître.
Elles s'enfoncèrent encore plus dans la forêt. Il faisait de plus en plus sombre, bientôt la lueur de la lanterne de Mélinie n'était plus suffisante pour éclairer le chemin, Kahina s'arrêta quelques instant et sortit la sienne et l'alluma. Elle resta figé quelque instant, mais cela personne ne le remarqua. Puis, elles poursuivirent leurs chemin. Elles arrivaient devant des ruines. Surement un vieux temple de druides...
"Mélinie ? demanda Kahina
- Oui qu'y a t-il ? s'inquièta la petite fille.
- Ne réagis surtout pas à ce que je vais dire, ne fais aucun geste brusque. Contente toi juste d'écouter ce que je vais dire. D'accord ?
- Oui, susura Mélinie.
- Très bien, dit Kahina, il y a une personne qui nous suis depuis quelques temps sur notre gauche."

En effet, caché derrière les arbres, une silhouette les observait en silence. Ses yeux rouges couleurs sang brillait dans la nuit...

(NB : ici c'est point de vue des yeux rouges, pas de Mélinie)

Cette lumière...le feu. Le feu...le feu...flammes...les flammes...elles détruisent tout. Elles ont détruit....elles ont détruit...les flammes...Kira...Kira....
JE VAIS LES DETRUIRE !!!

(POV Mélinie)

Kahina m'avait dit de ne rien faire. De ne pas bouger. Malheureusement, elle n'avait pas englobé Météore dans son ordre. Le petit chien sauta de mes bras et se mit à grogner, prêt à bondir.
Et la lampe s'éteignit. Après cela, je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé. Tout était noir...sauf...derrière nous, à gauche...
Des yeux. Rouges comme l'enfer.

Les yeux se rapprochèrent...puis, ce cri. Les villageois l'avaient décrit comme un cri de banshee, semblant venir des entrailles de la terre. Effectivement, leur description était juste. Ce cri horrifique dégageait une telle colère, une telle haine, que rien d'humain n'aurait pu le produire. Et pourtant...il semblait se dégager de ce cri...de la douleur. Oui, c'était bien le mot qui convenait. Quoique soit cette chose, elle souffrait. Et ce cri avait le pouvoir de nous donner cette même souffrance. Mon coeur semblait vouloir se déchirer...à mes pieds, Météore avait un regard de chien battu, littéralement. Cette douleur...c'était insupportable. Si seulement je pouvais y mettre fin...mais seule la mort semblait pouvoir m'en délivrer. C'était tellement tentant...
Mais une voix derrière moi m'en dissuada.

"C'est sa souffrance, pas la vôtre. Ne vous laissez pas envahir."

Cette voix, qui s'adressait aussi bien à Kahina qu'à moi, était vraimet douce...elle me disait quelque chose. C'était une voix d'homme, d'un homme jeune...
Mais le cri continuait...ce cri perçant...qui m'empêchait de me concentrer. L'homme l'avait senti. L'homme était un mage.
Soudain, un cercle de flammes apparut autour de nous. La lumière m'éblouit un instant, puis mes yeux s'habituèrent. Je les ouvris.
Grâce au feu, on pouvait désormais distinguer quelque chose autour des yeux rouges. Une forme...une femme. Très pâle. Elle avait de longs cheveux blancs qui volaient autour d'elle. Mais les ténèbres volaient autour d'elle, comme un voile...comme un deuil. Est ce que...sa souffrance venait de là...?

"C'est de ma faute."

La voix de l'homme...c'est pas vrai...c'était...
Comment avais-je pu ne pas le reconnaître ?!

Je n'ai pas pu m'en empêcher. J'explosais en sanglots et je me projetais vers lui. Ce qui eut effet de faire tomber sa cape, et de réveler ses cheveux blonds et ses yeux bleus azur.

"NAT' !!!!!!"

"...Na..Nathanael...?"

Je me retournais vers la femme. Elle avait l'air déstabilisée, un instant. Sa furie semblait se résorber. Mais cela ne dura pas longtemps.

"Non...il est mort. Kira...Kira l'a tué....IL L'A TUE !!!"

La jeune femme disparut. Ainsi que les flammes.
J'avais toujours peur. Mais Nat était là maintenant.

(bref, j'allonge parce que j'avais la flemme de m'occuper du cas d'Eseil. Tu as le champs libre xD)

(allonger ? c'est a dire ?)

Kahina se rapprocha de l'homme.
"Qui êtes vous ? Le fantôme a prononcé le nom de Nathanael. Est-ce que vous êtes le fameux Nathanael ? "

(si j'avais été assez courageuse, Eseil serait restée, Nathanael l'aurait calmée et happy end =) alors que là il va d'abord falloir partir à la recerche d'Eseil xD)

Je serais Mélinie dans mes bras. La pauvre...se promener dans un bois aussi sinistre et se faire attaquer par un fantôme. A dix ans, ce n'était vraiment pas juste. Elle avait déjà tant souffert, entre la mort de ses parents, sa vie solitaire dans le camp des rebelles, et probablement avait elle vécu bien d'autres malheurs depuis la mort de Davy...sans compter...son frère. Mieux vallait-il qu'elle ne sache pas la vérité sur Teros.

"Tout va bien Mélinie-chan. Tu n'as plus rien à craindre." fis-je en lui souriant. Elle me sourit en retour. Le chien, lui, grogna contre moi. Ca ne m'étonnait pas : les animaux ont plus de flair que les humains. Je décidais de l'ignorer, en partie parce que la jeune femme s'approchait de moi.

"Qui êtes vous ? Le fantôme a prononcé le nom de Nathanael. Est-ce que vous êtes le fameux Nathanael ?"

Fameux ? Eh bé, soit Mélinie lui avait tenu la jambe durant tout le trajet, soit j'étais encore sur la liste des gens à abattre. Dans tous les cas, je savais que Mélinie n'aurait pas suivit quelqu'un ne faisant pas partie de l'Alliance. Je pouvais donc lui répondre la conscience tranquille.

"C'est bien mon nom. Je suis Nathanael Spes, enchanté, mademoiselle...?"

C'était assez étonnant. Malgré mes nombreuses errances dans le camp des rebelles, je n'avait jamais aperçu cette demoiselle. Se pourrait-il que l'Alliance soit en train de se reformer ? Je dois bien avouer que depuis la fin de ma convalescence je n'avait pas eu le temps de me renseigner. Ni spécialement l'envie, en réalité. Il y avait d'autres choses plus importantes à mes yeux pour l'instant...
Eseil...ce qui lui arrivait était de ma responsabilité. Pas de ma faute, je n'aurais pas pu empêcher ce qui est arrivé. Mais il faut que je la stoppe, avant qu'elle ne soit perdue à jamais. J'avais déjà échoué à l'empêcher de commettre l'irréparable, et je savais qu'en retrouvant la raison elle en serait profondément meurtrie. Mais cette souffrance ne pourrait être aussi forte que celle qu'elle ressentait à ce moment.
J'aurais dû être plus prudent. Je n'aurais pas du me rapprocher autant d'elle avec cette épée de Damoclès au dessus de ma tête. Elle ne pourrait qu'en souffrir. Et pourtant...le coeur a des raisons que la raison n'a pas. Voilà pourquoi il fallait que je la sauve. Et que je l'empêche de retourner dans l'état dans lequel elle était à ce moment même.

Kahina lui sourit :
"Je me nomme Kahina, Mélinie et moi sommes venus dans ce village afin de decouvrir ce qui se cachait derriére cette série de disparition... Alors éclairez moi un peu si vous le voulez bien, sur ce qui vient de se passer... D'après ce que j'ai vu, ce fantôme semblait vous connaitre, n'ais je pas raison ? Alors Nathanael, qui était -ce ? "

Je dois bien avouer que parler d'Eseil en temps que "ce fantôme" me froissa un peu. Eseil n'était pas "un fantôme". Eseil était tout.

"Je ne sais pas si vous connaissez cette histoire...ça s'est passé il y a cent ans. Un chasseur de vampires était tombé amoureux d'une sorcière et ils avaient fini par monter une famille. Ils ont eu une petite fille, aux yeux et aux cheveux blancs comme la neige. Mais la sorcière, Cymean Lacreas -ce nom vous parle t'il peut être ? Elle avait décidé de combattre les vampires...enfin bref, elle mourrut lors de l'accouchement, laissant son mari et sa fille seuls. Mais sa fille avait hérité de ses pouvoirs; à vrai dire, elle était même plus puissante que sa mère. Et beaucoup plus puissante que les mages actuels. Son père commença à avoir peur de son pouvoir et essaya toutes les méthodes inimaginables pour le lui enlever. Après, personne ne sait ce qui s'est passé, à part qu'on retrouva la jeune fille morte dans le manoir. Elle fut enterrée mais son âme n'eut jamais de repos...elle resta inconsciente jusqu'au début de la guerre contre Kira. La puissance maléfique fut telle qu'elle la fit revenir dans ce monde, car en tant que mage bénéfique, elle était forcée de combattre de telles ténèbres."

Je m'arrêtais. Quand je pense que la principale intéressée ne connaissait même pas son histoire...

"La jeune fille qui hante ce village est cette sorcière. Elle s'appelle Eseil Lacreas"

"Triste histoire... fit Kahina. En tout cas, je pense qu'on devrais partir à sa recherche, elle pourrait s'en prendre à quelqu'un. Quelque choses me dit que vous seul pouvez l'arrêter, que vous seul puisse la remettre sur la voie de la raison ? N’ai-je pas raison ?

Je souris à la jeune femme en entendant ses paroles. Elle avait raison, il fallait qu'on se mette à la recherche d'Eseil pour la raisonner. Par contre, j'avais un peu peur qu'elle ne se trompe sur la deuxième partie de sa phrase. Eseil n'avait pas l'air convaincue que je n'étais pas mort, même en me voyant. Mais je trouverai un moyen. Je ne la laisserai pas se faire du mal plus longtemps.
Le chien continuait de me grogner dessus...c'était légèrement agaçant, maintenant. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir; si Kahina et Mélinie avait des sens aussi développés que lui, elles se méfieraient de moi, elles aussi.

Je finis par répondre à Kahina.

"Vous avez raison, mademoiselle."

Puis je tournais mon regard vers Mélinie. J'hésitais franchement à la laisser venir avec nous : si la situation devenait catastrophique, les conséquences pourraient en être désastreuses pour elle. En même temps, on n'allait pas la ramener au village pour l'y laisser seule, surtout qu'Eseil pourrait faire Dieu sait quoi en attendant. Donc autant qu'elle vienne, même si cela voudrait dire qu'il faudrait être encore plus vigilants.
J'invoquais un feu follet, éteignais les flammes et pris la main de Mélinie en souriant.

"Allons-y"

Ce à quoi le chien se mit à aboyer violemment. Cette fois-ci, Mélinie s'arrêta et se tourna vers lui. Après un moment, elle se remit dans le bon sens avec un air vexé. Le chien s'était tu, mais avait toujours l'air aussi énervé contre moi. Mélinie aurait elle développé un lien télépathique avec ce chien ?...ses pouvoirs grandissaient, alors. J'espérais que cela ne lui attirerait pas d'ennuis plus tard. Mais pour l'instant, mieux vallait-il penser à Eseil. A comment la retrouver.

Ce fut plus simple que prévu, en réalité, car quelques minutes après qu'on se soit mis en route, un cri retentit assez près. Mais ce cri était différent de celui de tout à l'heure: il était toujours aussi déchirant, mais la colère semblait avoir diminuée. Je regagnais espoir : peut être...peut être commençait elle à redevenir elle même...
Si je n'avais pas tenu la main de Mélinie, je me serais mis à courir aussi vite que je pourrais vers Eseil. Je n'aurais même pas pris la peine de vérifier que les deux demoiselles suivaient. Mais je ne pu que me hâter vers elle. Vers la clairière où je savais qu'elle serait. Je ne savais pas comment, je ne savais pas pourquoi. Je le savais, et cela me suffisait. Et après quelques minutes qui me semblèrent une éternité, je la vis. La clairière. Et au centre, telle un ange, la sorcière qui avait dérobé mon coeur.

(NB : à lire en écoutant : https://www.youtube.com/watch?v=aPkqOBMm2-k)

Elle s'était posée sur l'herbe, et était assise, les genoux repliés vers son coeur. Sa longue robe immaculée l'entourait, comme une cape de nacre. On pouvait à peine voir la limite entre sa robe et ses magnifiques cheveux enneigés, qui volaient légèrement des l'air. Mais c'est surtout son magnifique visage de procelaine qui, comme à chaque fois, fit se serrer mon coeur. La douceur de ses traits, l'élégance de ses lèvres, la perfection de son teint...je savais que je ne devais plus me laisser aller à ces sentiments. Mais c'était plus fort que moi.
En nous entendant arriver, elle leva la tête. Ses yeux étaient toujours rouges, mais ne brillaient plus dans les ténèbres. Seules brillaient les larmes qui les habitaient. Et alors je compris qu'elle n'allait pas faire quoi que ce soit. Maintenant qu'elle avait vu que sa rage envers le monde à cause de ma mort était vaine, et qu'elle comprenait ce qu'elle avait fait, elle ne pourrait plus avancer. Elle n'oserait plus se présenter devant qui que ce soit à cause de sa culpabilité. Et pourtant...et pourtant elle n'était pas partie en me voyant. Elle craignait ma réaction, mais elle voulait s'assurer que j'étais bien vivant.

"Nathanael..."

Sa voix...elle était méconnaissable par rapport à tout à l'heure. Avant, elle était déformée par la colère, à un point qu'on la croirait inhumaine. Alors que la voix qui m'appelait, à cet instant, était celle d'une merveilleuse demoiselle, partagée entre la douleur et l'espoir. C'était une voix tremblante et chantante à la fois. C'était une voix humaine.
C'était la voix de celle que j'aimais.

"C'est bien moi, Eseil." répondis-je. Je souriais, rassurant et rassuré. Et bien sûr, charmé. Je lâchais inconsciemment la main de Mélinie et me mis à avancer vers elle, d'un pas plutôt lent mais constant et affirmé. Je ne pouvais pas combattre ces sentiments, et je le savais. Je ne savais même pas si c'était réciproque. Mais je ne souhaitais qu'une chose : de la voir sourire à nouveau.
Je m'agenouillais devant elle. Elle me regardais, toujours aussi brisée, et une larme était sortie de ses magnifques yeux. Je lui caressais la joue et essuyais cette larme, qui venait ternir son si beau visage. Et je lui souris.
Elle me regarda encore quelques instants.

"Je ne te laisserai plus jamais seule"

Et elle se jeta à mon cou, me serrant aussi fort qu'elle le pouvait. Et son corps, même s'il était immatériel, je pouvais le sentir tout près de moi. Mais je ne pensais même pas que cela était anormal. J'étais juste conscient d'une chose : je l'avais retrouvée. Enfin.

Kahina les regardèrent un petit moment, malgré la volonté de les laisser se retrouver, elle cassa ce silence interminable.
"Eseil ? Je me nomme Kahina, je suis une amie à Mélinie et Nathanael. Je voulais te poser une question si tu le veux bien ? Où sont passé les personnes disparu ?"

Je serrais Nathanael de toutes mes forces, tant j'avais peur que ce ne soit qu'un mirage, qu'une illusion, comme celles qui m'ont hanté tout ce temps. Il m'avait tellement manqué...lorsque j'ai cru qu'il était mort, c'était comme si on m'avait retiré mon âme. Cette douleur était insupportable...cela devait être la raison pour laquelle j'étais devenue cette chose. Car sans lui, je n'étais plus rien; juste un fantôme, seul...si seul...bizaremment, j'avais l'impression que cette solitude m'était familière. L'avais-je connue auparavant, ou étais-ce parce que j'en avais si peur ? ...peu m'importait. Je n'étais plus seule maintenant.
En le voyant protéger cette petite fille, j'avais cru que c'était juste le fruit de mon imagination. Ou que Kira me jouait des tours -ce qui était stupide, vu qu'il devait me penser erradiquée à l'heure qu'il est. Mais en voyant cette petite -la fameuse Mélinie...- s'aggripper à lui, je compris. Mais je n'osais pas espérer. Alors je m'étais enfuie; et quand j'avais réalisé que c'était bien lui...et que je me rendais compte de ce que j'avais fait...ces derniers temps...je me sentais tellement coupable. J'étais devenue un véritable monstre. J'avais effrayé des innocents, j'avais...j'avais même tué des gens...comment aurait-il pu me pardonner ? Il savait ce que j'avais fait; mais pourtant, il ne m'avait pas rejetée. Il ne m'avait jamais rejetée, malgré le fait que j'étais un fardeau, et ne m'avait pas rejetée malgré mes crimes. Il était si gentil...pourquoi ? Je ne le méritais pas...
C'est alors que je me souvins de ce qu'il m'avait dit, avant que je sois téléportée. Mais au même moment, la femme de tout à l'heure s'approcha et me demanda où étaient passées les personnes disparues.
Je m'éloignais de Nathanael, honteuse à cause des deux pensées qui me vinrent à cet instant. D'abord, je ne savais pas si je ressentais la même chose que lui...je ne connaissais personne à part lui, donc je ne pouvais pas comparer. Je ne pouvais pas savoir si moi aussi, je l'aimais...
Mais il y avait aussi les personnes disparues. Je...ce que je leur avait fait...je ne le savais que trop bien...comment avais-je pu faire cela ?...étais-je devenue comme Kira ?

"Ils...ils se sont suicidés." répondis-je faiblement. J'espérais ne pas avoir besoin de développer plus et qu'ils comprendraient que c'était de ma faute.

J'espérais aussi que Nathanael ne me rejeterai pas malgré cela, même si je le méritais.

"Ils...Ils se sont suicidés..." lui répondit la jeune esprit d'une voix craintive.
Kahina ne répondit pas tout de suite, elle était certaine qu'Eseil mentait mais elle n'arrivait pas à la dénoncer.
Après tout, elle n'était plus la même. Elle était redevenue normale, il n'y avait plus raison de s'en faire, elle était apaisée. Les disparitions allaient cessés. Plus personne ne disparaitraient... Kahina pensa alors que tout le monde avait droit à une seconde chance.
"Ils se sont suicidés ?! finit-elle par dire. C'est fort dommage... Mais nous pouvions rien y faire, nous avons fait ce qu'on a pu. Cependant, je pense qu'on devrait retourner au village en informer les habitants. C'est le moins qu'on puisse faire."

Un regard à Kahina me fit comprendre qu'elle ne croyait pas Eseil...pourtant, elle disait la vérité : ils s'étaient bel et bien suicidés. Je ne les avais pas vu le faire, mais je savais deux choses : Eseil était trop honnête pour mentir et trop gentille pour les tuer, même dans sa rage meurtrière. De plus, j'avais entendu le cri tout à l'heure et j'avais vu la réaction de Mélinie : autant Kahina et moi n'avons pas été aussi touchés, en temps que soldats entraînés, autant une petite fille n'était pas capable de se défendre mentalement face à ce type de pouvoirs affectant les sentiments. C'est ce qui a aussi dû arriver aux villageois...et maintenant Eseil s'en voulait. Je me doutais qu'elle allait penser que j'allais lui en vouloir aussi, mais comment pourrais-je lui en vouloir ? Si tout cela était arrivé, c'était parce qu'elle m'avait crû mort. Rien n'aurait pû empêcher cet incident, malheureusement : je me doutais que le sceau allait se briser à un moment donné, mais pas au moment critique. Et de toute façon, pensais-je aussi, ces villageois n'avaient rien à faire la nuit hors du village alors qu'ils savaient que c'était dangereux. Ils ont décidés de se jeter dans la gueule du loup, c'était triste, mais les seuls responsables de leur mort était eux mêmes. Même si les intentions de certains étaient louables -comme celles du jeune fiancé-, leur mort était dûe à des imprudences qu'ils auraient pû éviter, en sortant de jour. Eseil n'avait pas à s'en vouloir, et personne n'avait le droit de lui en vouloir. Surtout pas moi.
Je lui souris chaleureusement pour lui faire comprendre que je n'allais pas la rejeter pour cela. Je ne la rejeterais pour rien au monde.

J'observais Nathanael et madame le fantôme. Ils avaient l'air de bien s'entendre...même de très bien s'entendre...

"Dis Météore, tu penses qu'ils sont amoureux ?"

"Ca m'en a tout l'air...de toute façon, qui se ressemble s'assemble" répondit-il avec une animosité à peine cachée envers Nathanael et son amie.

"Météore, tu m'expliques ce que tu as contre Nat' ?" Le petit chien ne me répondis pas.

Kahina proposa ensuite de rentrer au village. moi, j'étais très contente : je n'aimais toujours cette forêt, même si l'aura maléfique avait disparue. Et puis j'étais fatiguée.
Nous nous mîmes donc en route. Au bout d'un moment, le village apparut.

"On va vous attendre là" dit Nathanael.

Cela m'a vraiment surprise : pourquoi ? Météore, lui, se contenta d'une espèce d'éternuement dédaigneux.

"Eseil ne peut pas rentrer vu qu'elle est morte et que cette ville est un lieu de vie. Je vais rester lui tenir compagnie." expliqua t-il.

"Mais oui, c'est cela" ironisa Météore.

"Bon ça commence à bien faire là ! Soit tu m'expliques, soit tu arrêtes." m'énervais-je mentalement.

"C'est bien parce que tu es humaine...sinon tu comprendrais. Mais vu que tu l'aimes bien, je vais juste te dire une chose : s'il reste dehors ce n'est pas que pour tenir companie au fantôme."

Son information ne m'aidait pas vraiment..mais bon, au moins ça l'avait calmé. Il s'abstint de tout autre commentaire, et je n'en rajoutais pas. Apparemment, on ne pourrait pas parler de Nathanael sans se fâcher, donc je décidais de ne pas le faire, et à mon avis Météore serait d'accord.

Kahina descendit donc seule avec Méline et son chien Météore à Druideas. Le groupe descendis le sentier et en quelques minutes ils furent de retour au village. Bien qu'il fasse encore nuit, de nombreuses personnes étaient encore debout et guettaient l'arrivée des jeunes femmes. Dès qu'elles furent repérées, les villageois coururent les voir.
"Alors ? Que c'est-il passé ? Où est ma fille ? Vous..?"
Le reste des paroles furent incompréhensible. Tout le monde parlait en même temps. On n'y comprenait plus rien. Kahina fit signe à la foule de se taire. Le silence revint d'un seul coup.
"Je suis navrée de vous apprendre que..."
Elle regardaient tous ces gens impatients de savoir où se trouvaient leurs proches. Et elle Kahina, allait briser tout espoir qui résidait encore en eux... Mais, il fallait qu'elle le fasse : c'était son devoir.
"Je suis navrée de vous apprendre que... ceux qui ont disparus sont morts. Leurs corps reposent quelques parts dans la forêt, mais aucun doute ne subsiste Je suis désolée. Mais plus, on a fait du mieux qu'on a pu et il n'y aura plus aucune disparition."
Les gens se mirent à sangloter. Kahina se tut. Un homme lui demanda :
"Qui était l'auteur de ces disparitions ?
- Ne vous inquiétez pas, il ne fera plus rien, il est hors d'état de nuire... dit elle gênée en regardant Mélinie. Où est le doyen ? Nous voulions lui dire quelques mots avant de partir..."
L'homme lui répondit qu'il se trouvait dans sa chaumière. Kahina fit signe à la petite fille de la suivre. Elles traversèrent les petites ruelles et arrivèrent devant la chaumière du doyen.

"Monsieur le doyen ? dit-elle en frappant à la porte. Nous sommes de retour nous..."
Cela ne servait à rien de continuer. Personne ne répondit. Elles s'apprêtèrent à faire demi tour quand elles entendirent un bruit à l'intérieur.
"Tu as entendu ? dit Kahina."
Mélinie fit oui de la tête, elle était visiblement apeurée. Kahina frappa de nouveau à la porte.
"Monsieur ? Vous êtes là ?"
Toujours pas de réponse, pourtant des bruits persistaient à l'intérieur. Kahina prit la poignée et la tourna. La porte était ouverte...

La jeune femme était tétanisée par le spectacle qui se produisait devant ses yeux...
Le mobilier était renversé, les meubles étaient éventrées... Les vases et assiettes... Les murs étaient ravagés de griffures, des empreintes ensanglantés se trouvaient dessus. détruites..

La fin du temps.

C'est ce qui étaient gravés partout sur les murs. Qu'est-ce que cela signifiait ? Elle n'en savait rien, mais une chose était sûr, elle ne voulait pas rester ici. Il fallait s'enfuir. C'était trop glauque.
Elle se retourna pour sortir quand une main agrippa, il s'agissait du doyen.
"Le temps... Le temps... va disparaître..
- Lachez moi.. Mélinie, météore au secours !

J'avais peur...cette pièce était effrayante, et maintenant, cet homme qui faisait mal à Kahina...
Heureusement, Météore, était plus réactif que moi, et il se mit à mordre le mollet de l'agresseur. Il lâcha prise et se mit à crier sur le chien. Je pris la main de Kahina et l'entraînais vers l'extérieur, en criant au secours. Les villageois, je l'espérais, allaient accourir...j'avais peur pour Météore, maintenant.

(comme tu m'as laissé diriger tout à l'heure je te laisse maintenant

L'homme ne tenta pas de les rattraper, peut-être n'en avait-il plus la force, car il faut le dire Météore l'avait bien mordu.
A l'extérieur, Kahina et la petite fille appelaient de l'aide. Que s'était - il passé ? Jamais au yeux de Kahina, le doyen n'avait paru agressif et déséquilibré, alors pourquoi l'avait - il agressée ? Et cette phrase sur les murs : "la fin du temps " que prédisait t -elle ? Bien qu'elle n'en comprenait pas le sens, elle sentait que cette phrase était la clé de cette histoire...

Les villageois, ameutés par les cris de détresse des deux jeunes femmes (et les aboiement de Météore bien sûr ), ne tardèrent pas à arriver sur les lieux. Kahina leurs fit signe de rentrer dans la chaumière du doyen, dont la porte était encore grande ouverte... Inquiets, ils s'empressèrent de franchir le seuil d'entrée. Elles entendirent quelques paroles d'incompréhension : ils venaient sûrement de découvrir l'état de la pièce d'entrée.
Il y eu plusieurs cris, elle reconnu la voix du doyen. Quelques minutes après, les hommes ressortirent de la maison en portant le vieil homme sur leurs épaules... Celui ci semblait inconscient, Kahina se douta qu'il ne s'était pas laissé faire, malgré son vieil age. Après tout, il était pris dans un accès de folie. Au moment où ils passèrent au niveau des deux filles. Kahina entendit la voix du vieil homme murmurait :
"Leur retours.. marquera la fin.."
Ils s'éloignèrent. La foule de villageois se dissipa.
"Viens Mélinie, dit - elle à la petite fille. On a plus rien à faire ici...
- Attendez, fit un jeune homme en courant vers elle, j'ai vu mon grand père se faire emmener par d'autres villageois, il n'avait pas l'air bien... Que s'est-il passé ?!"

J'avais toujours peur du vieil homme, mais j'étais rassurée de voir que les villageois l'emmenaient loin. Je remerciais Météore et m'apprêtais à suivre Kahina lorsqu'un jeune homme nous interrompit. Je m'arrêtais, et attendais que Kahina lui réponde. Pour ma part, je n'avais qu'une envie, suite aux événements de la nuit : dormir.

Dehors

Cela faisait quelques minutes que Kahina et la petite fille étaient parties, et que Nathanael et moi étions seuls ici. Nous n'avions pas dit un mot, et le silence commençait à être gênant. Mais pourtant, je n'arrivais pas à sortir de ma tête les paroles qu'il avait dites avant la destruction du bois du temps. J'aurais aimé pouvoir lui dire que c'était réciproque, ou même que ce n'était pas le cas, mais je n'en savais absolument rien. Or, je ne voulais pas le blesser, et rien ne pourrait être pire que de ne pas savoir. Que vallait il mieux que je fasse ? Que je lui dise la vérité ? Ou que je prétende ne pas me souvenir ?
Heureusement, Nathanael brisa le silence.

"Kahina et Mélinie ont réussi à te voir..." me fit il remarquer gravement. Je dois bien avouer que je n'avais absolument pas fait attention à cela tout à l'heure: par conséquent, sa remarque me laissa bouche bée. Au bout d'un moment, je parvins tout de même à organiser ma pensée et à lui répondre.

"...est ce qu'elles ont des pouvoirs comme toi ?"

"Justement, répondit-il, non. Kahina n'a aucun pouvoirs et ceux de Mélinie..." il s'arrêta, songeur, puis repris, après un moment. "Non. Ca ne vient pas d'elles."

De grave, son visage devient rayonnant. Il me sourit avec une joie non dissimulée.

"Eseil, je crois que tu reviens progressivement à la vie."

J'entendis sa déclaration, et elle me fit plaisir...mais...pourquoi étais-je contente ? Je n'avais pas spécialement envie de réssusciter dans ce monde détruit...
Cette joie...était-ce vraiment la mienne ?

"Le doyen... Ton grand père à fait un excès de folie, il a tenté de m'agresser lorsque je suis allée le voir."
Le jeune garçon fut interloqué, il n'arrivait pas à croire Kahina..
"Non, ce n'est pas possible, cela ne peux pas s'agir de mon...
- Je suis navrée, mais c'est là pure vérité. Mon amie ici présente peut vous le confirmer. Votre grand père à perdu la tête..."
Des larmes apparurent au yeux du petit garçon; Kahina se sentit mal, elle aurait pas du insister tant. Elle et Mélinie commencèrent à partir quand le petit garçon releva la tête.
"Alors il disait vrai..."
Kahina s'arrêta, elle se retourna vers le garçon.
"Qui disait vrai ?"
Le petit fils regarda les filles, il réalisa qu'il venait de parler à voix haute.
"Depuis quelques jours, mon grand père ne se sentait pas bien..
- Il ne se sentait pas bien ? C'est à dire ?
- Et bien, commença le petit fils. Mon grand père faisait beaucoup de cauchemar ces derniers temps,à un tel point qu'il en avait mal à la tête. Même les remèdes des autres druides ne l'aidaient pas à chasser ce maux de tête. Peut-être cette crise était l'aboutissement final.
- Ouais, fit Kahina, c'est vrai que je n'ai jamais fait attention, mais c'est vrai que lorsqu'il nous a accueillit il y'a quelques jours, il était un peu pâle.. Je veux bien admettre cette théorie, mais ces inscriptions, son discours... Cela n'a aucun sens ?"
Le petit fils rétorqua aussitôt
"Vous en êtes sûr ?"
Kahina regarda Mélinie, elle aussi ne semblait pas comprendre.
"Ma famille est connu pour ses dons de visions. Il...
- Des visions ? Tu insinues que ce qu'il a dit ...
-...provient d'une de ses visions, je le pense, d'ailleurs qu'a t-il dit. ?"
Kahina n'en revenait pas, Mélinie non plus. Jusqu'a là, elles n'avaient pas envisagés que cela pouvait être une prédiction.
"Non, rien de bien concret.."
Kahina salua le jeune garçon et partit. Un frisson la parcouru, car si la prédiction du doyens'avérait vrai. Alors celui- n'annonçait pas un avenir radieux.


Au contraire

Kahina, Météore et moi sortîmes du village. Heureusement pour nous, le petit chiot et moi étions trop fatigués pour réfléchir à ce qui venait de se passer. J'avais bien compris que c'était une prédiction, et qu'elle annonçait la fin du monde; mais pour l'instant, ma plus grande priorité était de partir de ce village et de cette forêt qui, bien qu'on ait résolu les affaires de disparitions, restaient tout de même lugubres et désagréables.

Il ne nous fallu qu'une minute pour rejoindre Nathanael et son amie. A leur vue, les poils de Météore se hérissèrent. Je l'ignorai, et me concentrais sur Nat' et le fantôme. Ils avaient l'air content...une bonne nouvelle ? En tout cas, le fantôme n'avait plus du tout l'air méchante : ses yeux étaient toujours rouges, mais ils ne brillaient plus autant et ne dégageaient plus cette aura maléfique. Cependant, à part ses yeux rouges, on aurait dit un feu follet : entre ses cheveux blancs, sa robe blanche et sa peau blanche, aucun doute ne pouvait subsister sur le fait qu'elle n'était pas humaine. Et pourtant, ses joues étaient rosées tout à l'heure, lorsqu'elle discutait avec Nathanael. J'avais du mal à croire qu'elle ait tué ces gens. Elle avait vraiment l'air gentille...et puis si j'avais raison et que c'était la petite amie de Nat', alors elle ne pouvait pas être méchante. Apparemment, je devais la regarder fixement, car elle eut l'air un peu mal à l'aise en s'addressant à Kahina et moi.

"Euh...mesdemoiselles ? Je...je vous prie de m'excuser pour tout à l'heure. Je...je n'étais pas moi-même. D'ailleurs (elle se tourna vers Nat'), je te dois des excuses à toi aussi, Nathanael. Pour tout à l'heure...et pour..."

Elle arrêta sa phrase en plein milieu, et de blanche devient écarlate. Elle avait vraiment l'air gênée, et le fait que tout le monde la regardait avec curiosité ne devait pas arranger la chose. Nathanael non plus n'avait pas l'air de comprendre de quoi elle parlait, mais il se contenta de lui sourire.

"Tu n'as pas à t'excuser...comme tu l'as dit, tu n'étais pas toi même."

Elle lui sourit, toujours aussi rouge mais plus aussi gênée. Puis elle se tourna vers nous avec un petit sourire timide.
Je m'approchais d'elle en souriant, d'un sourire du genre "j'ai quelque chose à demander".

"Eseil, c'est bien ça ? Moi c'est Mélinie. Tu veux être mon amie ?"

Elle eut l'air décontenancée un moment, puis elle se mit à sourire radieusement.

"Avec plaisir, Mélinie"

Kahina regarda Mélinie et Eseil, puis elle se tourna vers Nathanael.
"Que comptez vous faire maintenant ?"

Je me tournais vers Kahina et réfléchis un moment. Que faire ? Davy était mort et l'alliance dissoute. Le bois du temps était détruit. Je ne savais pas où était Cymean Lacreas. Je ne voyais donc pas ce ce qu'on pouvait faire, à part attendre. Eseil avait l'air de revenir d'elle même à la vie. Par contre, attendre où ? Maintenant que tout le monde pouvait la voir, on ne pouvait plus rester en ville. Mais nous n'allions pas rester dans les bois et les campagnes. Pas avec Mélinie; il était hors de question de forcer un petite fille de dix ans à vivre en nomade. Donc, que faire ?

"A vrai dire, on ne sait pas encore. Déjà apprendre ce qui s'est passé ces derniers mois...pourriez vous d'ailleurs nous préciser quelques points ?"

Eseil et Mélinie écoutaient attentivement notre conversation maintenant.

" Très bien, dit Kahina, que voulez vous savoir ?"

"Tout ce qui s'est passé depuis l'enterrement de Davy, s'il vous plait' lui demandais-je.

(j'aime pas poster aussi peu sur un rp mais bon >.>)

"Depuis la défaite de Thaotlan, plus rien n'est pareil. Les centaures, en plus d'avoir trahis les troupes rebelles, les dénoncèrent a la milice de Kira, et une grande majorité fut vite emprisonné. De plus, l'alliance s'est vite dissoute faute d'avoir un chef en qui tout le monde reconnaissait l'autorité. Nombreux ont tenté de remplir ce rôle. Mais bon soyons franc, succéder à une figure aussi emblématique que l'était Davy, est loin d'être facile. Ajouter à cela, Kira nous a laissait aucun répit. Il a su profiter à son avantage, de ce laps de temps où nous étions vulnérable.
Il a sans hésiter déployé l'intégralité de ses légions et les a lancés à notre poursuite.
Un moindre soupçon, un moindre doute suffisait pour être arrêter. Et lorsqu'on est arrêté, ce n'est pas la mort qui nous attendait, enfin pas dans l’immédiat. Cela aurait été trop facile.
Kira les exécutait en personne en pratiquant sur eux des tortures inimaginable sous les yeux de la population. Voilà ce qui arrive à ceux qui soutiendront l'Alliance, a t-il déclarer.

Du coup, l'opinion publique a très vite changé. Les gens ne voulaient plus souffrir, ne voulait plus perdre ses proches. Et pour cela, il n'y avait qu'une seule solution : reconnaître Kira en tant que maître souverain d'Andoria et suivre ses lois.

J'écoutai sa réponse avec attention et dépit. Je ne pensais pas que la situation était aussi grave, même si je ne m'attendais pas non plus à une survie de l'Alliance. Mais entendre tout cela eut l'effet d'un choc. Tout ce pour quoi on s'était battus, réduit à néant...à quoi bon servirait la résurrection d'Eseil maintenant ? Elle serait assassinée en deux temps trois mouvement, et ce sans que je puisse faire quoi que ce soit pour l'en empêcher. Il était absolument hors de question que je la laisse courir un tel danger. Autant abandonner tant qu'il en était encore temps.

"On doit faire quelque chose !" s'enquirent, à ma grande surprise, Mélinie et Eseil. Je me tournai vers elles.

"Tous seuls, c'est du suicide" leur répondis-je. J'espérais les faire renoncer avant qu'elles ne se mettent en danger. Nous n'avions aucune chance pour l'instant. Mieux vallait il garder profil bas et attendre un leader à suivre, ou au moins qu'un groupe de rebelle se forme.

"Il faut bien que quelqu'un lance la rébellion" rétorqua gentiment Eseil. Dans ses yeux rouges se reflétait son inébranlable détermination. Malgré la situation, malgré ce dont il s'agissait, je ne pouvais m'empêcher de trouver qu'elle était charmante...je me repris. Ce n'était pas vraiment le moment d'admirer Eseil. Néanmoins, elle avait raison : si personne ne lançait la révolte, elle n'aurait jamais lieu. Mais que pouvaient faire une petite fille, un fantôme et un mage fragilisé ? Pourtant...pourtant une partie de moi me convainquait de l'écouter. Etait-ce une intuition, la raison, ou mes sentiments pour Eseil ? Je ne le savais pas, et ne le saurai jamais, car la dernière avait teinté l'intégralité de mon être.
Certains disent que l'amour donne des ailes. Dans mon cas, elle risquait bien de me les brûler. Qu'importe; même dénué de jambes, je suivrai mon ange.

"Tu es consciente du danger ?" lui demandais-je, gravement, mais en lui faisant comprendre qu'elle m'avait convaincu.

"Je veillerai à ce qu'il ne vous arrive rien" répondit-elle sereinement. Je lui souris chaleureusement.

"Ca, je m'en chargerai avec plaisir, mesdemoiselles." rétorquais-je malicieusement, en décoiffant Mélinie. Puis je me retournais vers Eseil. "Si cela ne te dérange pas, bien sûr."

"Euh...non, du tout..." Elle avait visiblement l'air décontenancée; ses magnifiques pomettes avaient pris une teinte rosée. Je lui souris à nouveau. Puis je me tournais vers Kahina.

"Que comptez-vous faire, de votre côté ?"